Hippie comme Mélusine

La nouvelle boutique de Mélusine ressemble à un tableau Pinterest : des illustrations d’art accrochées sur les murs d’un beau blanc salissant, des meubles rétro agencés à des suspensions industrielles, quelques plantes vertes bien grasses déposées çà et là. En entrant, vous avez juste envie de dégainer votre iPhone, de tirer une photo du superbe divan sarcelle et de l’épingler sur votre babillard d’idées pour votre prochaine maison sur la rue des Plateaux. (Celle que vous vous ferez construire une fois que vous aurez enfin négocié une hausse de salaire…)

Mais ce décor minimaliste, totalement en phase avec le style gypsy de la griffe de bijoux de Rivière-du-Loup, se distingue des autres photos que l’on pinne à qui mieux mieux sur le site d’inspirations.

Il a une âme.

Derrière les grandes fenêtres de leur local, juché en haut de la Lafontaine, Émilie Boucher et Rachel Gagnon proposent des bijoux — oui, et de fort jolis —, mais aussi un « style de vie », sans le côté présomptueux de l’expression.

Il n’y a pas que l’ameublement et les pendentifs qui sont bohèmes ici. Les copropriétaires le sont aussi, autant dans leur look (bottes Ugg, lunettes surdimensionnées, longs cheveux en bataille) que dans leur tête.

En décidant de se payer un pignon sur rue, les deux créatrices se sont dit qu’elles en feraient profiter le plus d’artisans locaux possible. Une attitude presque contre-culturelle, à l’heure où tout le monde se saigne pour faire ou garder sa place.

« Nous avons un esprit de commune très fort, tranche Émilie, une diplômée en arts visuels qui a fondé Mélusine il y a treize ans. Nous aimerions éventuellement greffer plein de monde à notre vibe. On aimerait faire converger ici tous les talents de la région, dans un esprit de collaboration. J’ai l’impression, déjà, qu’une grande famille est en train de se tisser. »

Ainsi, dans un véritable acte de foi pour la création locale, des œuvres d’Isabelle Murray, de François Gamache, de Karine Deschênes, d’Esther Pomerleau et du collectif ArtRH, des couvertures de Mersio et des produits Kohoony, entre autres, y sont exposés, comme dans une galerie. La nouvelle collection limitée de Kapé vient aussi d’y faire son lit.

 

L'atelier-boutique de Mélusine a ouvert ses portes en février.
Rachel Gagnon et Émilie Boucher, les deux créatrices derrière la griffe Mélusine. (Crédit des photos: Meldo)

Cet esprit communautaire pourrait fort bien assurer la survie de ce lumineux repaire de belles choses, qui occupe un local libéré par la fermeture du magasin Top Zone.

Sinon, comment faire durer un magasin de bijoux, dans un marché aussi petit, à une époque où on achète en ligne ou chez Ardène trois paires de boucles d’oreille pour moins cher qu’un latté au matcha ?

Les complices prennent bien sûr le pari de la qualité. La demande croissante des dernières années, sur leur boutique en ligne, leur donne raison.

« Combiner son atelier et sa boutique dans un même lieu, ça permet d’économiser des sous, mais ça permet aussi aux gens de constater le travail artisanal réalisé pour chacun des produits. Les clientes sont surprises de me voir fabriquer les bracelets, bille par bille. Les clientes comprennent mieux ensuite nos prix », explique Rachel, une diplômée en design d’intérieur.

Les deux mamans parient aussi sur la stratégie du petit plus. Dans leur nouveau local, elles pourront notamment faire mousser leur service d’ateliers de création de bijoux, sur réservation, pour des groupes.

« Il faut offrir un service exclusif, se différencier avec des détails. Nous avons par exemple toujours rédigé un petit mot à la main pour accompagner nos commandes postales. Il était aussi important pour nous que la boutique soit accessible facilement avec une poussette. Ce genre de choses font la différence », soutient Émilie, native de Montréal, heureuse d’implanter dans sa ville adoptive un charmant commerce de quartier, où l’on peut simplement arrêter lire, fouiner ou boire un thé, comme on en retrouve dans la métropole.

Dire qu’il n’y a pas si longtemps, en 2015, Émilie Boucher était sur le point de larguer Mélusine, lasse de travailler seule.

Et puis, Rachel, la sœur cadette d’une collègue, est débarquée chez elle avec un smoothie, de bonnes idées et des doigts de fée. Le coup de foudre professionnel a sauvé la griffe.

Depuis, tous les lundis et mardis, les nouvelles partenaires, qu’une quinzaine d’anniversaires séparent, se retrouvaient dans la salle à manger d’Émilie pour enfiler des perles, qui se retrouveraient ensuite au cou des Louperivoises de tous âges. Les autres journées, l’une vendait des vêtements à la boutique Le Roi, l’autre étirait son congé de maternité.

Depuis février, Rachel et Émilie occupent leurs vingts doigts à temps plein dans ce projet.

Avec le cœur ouvert comme celui des hippies et une rafraîchissante insouciance.

Ça, ça mérite d’être épinglé sur un babillard.


Mélusine

484, rue Lafontaine

www.melusinebijoux.com

(Crédit des photos: Meldo)


Le printemps avec Frida

Les deux créatrices de Mélusine vouent une admiration sans bornes à Frida Kahlo. Le fantôme de la peintre mexicaine hante la collection printanière de la griffe. « Pour sa résilience, son intensité et sa créativité, Frida est ma référence. On a réinterprété librement son mythe. Pour fuir l’hiver, on voulait s’inspirer du Mexique, mais pas avec les couleurs très vives qu’on lui associe habituellement. On voulait quelque chose de très doux », décrit Émilie.

Une touche de rose poudre et de sarcelle se retrouve agencée au quartz et à l’onyx. Des breloques, en forme de lune et de cactus, sont aussi parsemées dans la collection.

En parallèle, une collection sur mesure pour la boutique Le Roi, de facture plus urbaine, devrait sortir très bientôt. Le lancement d’une capsule estivale, inspirée par la botanique, est prévue en mai.

 

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