J’aime l’été pour trois raisons : porter des robes avec pas-de-collants, conduire les fenêtres baissées et manger des pops. L’été, il n’y a pas une image qui me donne plus de frissons qu’une crème molle marbrée qui dégoutte sur une napkin brune sous l’effet d’un soleil pétant.
Quand la chaleur du dehors me crée des rigoles dans le dos, j’aime donc me climatiser le dedans avec une friandise glacée.
Dérogeant à mon régime sans glucides (mais quel régime ?) et bravant mon intolérance au lactose (ça, c’est vrai!), j’ai sillonné la région en robe, les quatre fenêtres baissées, pour dénicher les plus doux plaisirs sur bâton ou sur cornet à lécher cet été.
Les Revello et les frappés au cappuccino, c’est bien beau, mais il y a meilleur. Il existe du moins chimique et, surtout, du plus local!
(Mise en garde : la lecture trop rapide de ce texte pourrait vous geler le cerveau.)
La sucette fudge et amandes de La Bette à Cath
Après avoir posé votre langue sur ce divin objet, vous aurez envie de renier à tout jamais le grossier Fudgesicle de votre enfance. Fait d’un fondant au cacao, le goût de ce bâtonnet est riche, même s’il ne contient ni sucre raffiné ni saveur artificielle. Les amandes caramélisées, déposées en décoration sous un coulis chocolaté, décuplent le facteur bonheur, comme une cerise sur un sundae. Le chaleureux resto végé de Notre-Dame-du-Portage garde aussi en réserve dans son congélateur des sucettes aux petits fruits et sirop d’érable, de même que des bananes trempées dans le chocolat.
On la mange… en jouant au touriste dans ce village peuplé de villégiateurs ou en sortant de la piscine municipale.
3,50 $
(531, route du Fleuve, Notre-Dame-du-Portage)
Le sorbet aux framboises des Petits Bonheurs de Marguerite
J’aime les framboises. Beaucoup. Presque à la folie. Ce sorbet maison est un vibrant hommage à mon petit fruit chéri, juste assez sucré, juste assez suret. Sa texture, exempte de pépins, est d’une rare délicatesse. Faites-vous-le servir dans le tendre cornet gaufré, lui aussi fait maison. Vous comprendrez vite pourquoi il se crée des bouchons de circulation, même les lundis après-midi, à Saint-Alex…
On le mange… en furetant dans le coin boutique ou en regardant passer le trafic dans le coquet solarium.
3,50 $ (1,10 $ de plus pour le cornet gaufré)
(693, route 289, Saint-Alexandre-de-Kamouraska)
La barbotine aux fraises fraîches du Potager Côte d’Or
Je me suis jetée sur cette barbotine au premier dépanneur du bord, comme sur un mirage dans le désert, après avoir couru quelques kilomètres dans la canicule. C’est comme si j’avais bu à la paille un panier de fraises complet. Alors que le marketing de la sloche table de nos jours sur une expérience extrême, avec des saveurs telles que Poussin frappé et Goudron sauvage, on se donne le droit, en tant qu’adulte, de redécouvrir ce désaltérant plaisir adolescent, mais sous une forme plus naturelle. Le producteur de L’Isle-Verte confirme ne mettre que des fraises, de l’eau et… un petit peu de sucre dans sa potion rouge. À boire jusqu’à plus soif.
On la boit… après une activité sportive au gros soleil, en guise de récompense.
(Au Vrac, aux dépanneurs Saint-André, au Uniprix de Saint-Antonin et au Potager Côte d’Or)
Le gelato à la pistache d’Ali-Baba
Le bar laitier Ali-Baba a été le deuxième au Canada à fabriquer ses crèmes selon le style traditionnel italien, il y a plus de trente ans. C’est l’homme derrière le comptoir qui s’en vante, pendant que j’hésite devant la dizaine de pots brassés artisanalement. Ces années d’expérience se goûtent à chaque lichette de la glace à la pistache, qui a obtenu ma faveur. Cette merveille naturelle n’affiche pas la couleur verte fluo des produits commerciaux transformés par les colorants. On décèle clairement les parfums de la noix, qu’on découvre en quantité généreuse à travers le mélange. Une boule de velours qui vaut amplement qu’on s’évade de l’autoroute 20.
On le mange… en méditant, les yeux fermés, ou en contemplant la bucolique campagne cacounoise, les yeux grands ouverts.
4,13 $
(1600, route du Patrimoine, Cacouna)
La poutine glacée du Snack-Bar D’Amours
Je ne suis pas chaude à l’idée d’ajouter un trempage à la banane, une spirale de dulce de leche ou des morceaux de Coffee Crisp à ma crème molle. Je la préfère nue. Dans son plus simple appareil. Sans extras. Cette poutine glacée, sur le menu du Snack-Bar D’Amours, titillait quand même ma curiosité gourmande depuis quelques semaines. Une crème molle à la vanille qui se déguise en poutine, avec des mini-guimauves en guise de fromage, du pop-corn au caramel et des arachides salées à la place des patates frites et un sirop au caramel pour simuler la sauce brune, ça intrigue, non? Pour ajouter un infarctus à la crise de foie, des gaufrettes au chocolat coiffent ce monticule de calories vides. Le verdict? Cette coupe est décadente. Et délicieuse. Comme une poutine doit l’être.
On la mange… en groupe, avant d’aller veiller. Ou n’importe quand, sauf avant d’aller se coucher.
4,40 $
(47, boulevard Cartier, Rivière-du-Loup)
